Ce texte est écrit à la demande de Jihane mon pote, mon entraîneur de Parkour.
Il souhaite un témoignage de l’effet du Parkour sur ses anciens pratiquants.
Il n’a aucune prétention et est juste écrit avec ressenti et plaisir un matin de février.
Février 2011
J’ai pratiqué le Parkour pendant 4 ans, je crois. Je l’ai repris de tps en tps.
Je l’ai pratiqué avec Farid, avec Jihane, avec Aldo avec les himana kosu. On doit être la seule « école » à avoir notre enseigne de bois.
Je me souviens de mon premier entrainement je me souviens de cet accueil chaleureux, énergique, de cet accueil complètement différent de tout ce que j’avais pu rencontrer.
En quelques heures nous sillonnions certains toits, les murs, les rues comme jamais.
Je ne sais pas comment j’ai fait pour suivre cette journée là.
Mon corps fut pris de courbatures pendant une semaine… Merci Farid.
Durant ces 4 années, moi qui partais de rien, et même en dessous de rien, j’ai pu évoluer.
Je l’ai fait en même temps que ma pratique de la salsa.
J’arrivais avec mon « bol » vide, et j’ai pu le remplir sans le savoir. Ca c’est grâce à Jihane et Aldo qui m’ont accompagné pendant 4 années, Farid avait du partir vivre sa vie.
J’y ai évolué,
Et quelle évolution…
Le contact avec les autres, l’entraide, le travail constant, la confrontation avec la peur, ma peur, celle des autres, le regard des gens, les incompréhensions, le danger, le partage, l’impression d’exister, les responsabilités de ses actes, la difficulté, les murs, le froid, la paresse, l’égo, les sourires, les blessures, les réprimandes, la chaleur intense, la confiance, la fatigue, le bien être, l’eau.
Je n’avais pas, à l’époque, compris que cette pratique du Parkour vous met pleinement dans le moment pré
sent. C’est vraiment une approche pratique de la théorie de vivre dans le présent. Pendant la pratique ,tu ne peux être dans ton passé ou rêver à ton futur.
Tu dois être dans le présent, concentré, vivant car sinon tu te blesses. Et être dans le présent, c’est finalement ce qui apporte et importe le plus.
Tout ce que j’ai rencontré dans le parkour m’a aidé, dans mon métier.
Je suis professeur de salsa à Strasbourg et je peux vous dire que j’enseigne comme si je pratiquais le parkour. J’essaye de garder les gens dans le moment présent, de laisser leur problèmes le temps d’une heure, de leur donner la chaleur découverte sur le bitume l’été, de les libérer du regard des autres, des faux semblant, d’affronter les mouvements compliqués, d’aider ceux qui sont plus lents dans l’apprentissage physique, de leur apprendre la tolérance etc…
J’ai acquis une grande confiance en ce que je sais faire (en moi c’est un travail bien plus long), j’ai décou
vert que l’on avait tjs à apprendre des autres en Parkour, et dans la vie, dans la salsa c’est pareil. En Parkour il n’y a pas un entraîneur, mais plusieurs, d’ailleurs ce sont souvent ceux qui pratiquent avec vous. Et moi-même, en tant que novice je savais effectuer et comprenais mieux certains mouvements que mes « entraîneurs ». Si je ne me mets pas en position de prof qui sait tout sur tout mais qui avoue ses doutes, cherche une solution avec ses élèves, ce n’est pas par faiblesse mais bien par force, une force que j’ai découvert dans le Parkour.
J’y ai appris aussi une sorte de rigueur martiale, je l’avais surement déjà en moi, mais cette approche martiale y était baignée dans la souplesse. Cette souplesse manque à beaucoup dans la vie.. La rigueur aussi. Tu as prévu de t’entrainer dehors, il pleut ? Toute la ville à changée, les sols sont différents, les murs glissent, les chaussures, les mains tout change. Avec la souplesse et la rigueur tu vas t’entrainer avec le sourire au lieu de maugréer et rester chez toi, car tu vas apprendre de nouvelles choses sur des terrains connus.
Dans la salsa c’est pareil, les locaux sont des fois petits, les sols collent, les gens trop nombreux, pas assez nombreux, trop de cavalières, pas assez, il fait trop chaud etc…
Et c’est pareil dans la vie finalement. Entre ce qui est et ce qu’on voudrait. Arriver à rester dans ce qui est. Alors, j’adapte comme en parkour, les exercices changent, les mentalités tentent de changer, et on sourit. On n’aime jamais ce qui n’était pas prévu, mais apprendre à gérer ça est vraiment intéressant. C’est pour ça qu’avec un sourire sadique j’essaye de mettre mes élèves dans des positions délicates.
La rigueur, je l’ai dans ma décomposition des mouvements que j’enseigne, j’essaye de n’avoir rien au hasard, dans ma façon de danser, du coup je peux enseigner chaque parcelle, chaque mouvement. Ce travail est dur et ardu mais intéressant et il fait la différence.
Dans le Parkour j’ai beaucoup aimé cette absence de compétition que j’ai vécue. Enfin, si, elle était là, mais dans son ancien sens, la compétition où les gens se rencontrent de différentes villes, en sillonnent une ensemble et surtout s’enseignent leurs mouvements. Car dans chaque ville les mouvements ont des variations différentes… Comme en salsa.
Et personne n’a la vérité ultime. Car il y en a plusieurs.
On se retrouvait vite finalement dans une sorte de famille avec des membres soudés, liés dans l’effort, les difficultés et le reste mais en
même temps libre de ne pas être là, de faire ce que bon leur semble. Cet esprit c’est ce qui m’importe plus que le reste finalement en Parkour, en salsa, ou autre discipline.
J’y ai aussi appris qu’on avait des routes différentes à arpenter, en Parkour sur le même chemin tu peux voyager avec une multitude de mouvements, de sensibilités, de styles différents. Ainsi, je ne suis pas triste quand mes élèves sont sur le départ, ou vont voir d’autres associations, profs, je suis conten,t je leur ai ouvert une route et quelle route! la danse, l’art, la musique, l’ouverture. Car à chaque personne de trouver sa voie, son cours et de s’y tenir envers et contre tout.
Je pourrai continuer d’en parler encore longtemps, et de faire des analogies avec la vie, la salsa mais le Parkour se vit. Comme le reste. On ne peut pas vraiment vous faire partager ça par le texte…
« Faites ce que vous voulez (dans le respect des autres) et pas ce que les autres veulent vous voir faire »
serait un bon moyen de conclure sur le Parkour enfin… Ma vision du Parkour il y en aura d’autre si Jihane continue sur ce principe.
Alex alias Ika (le poulpe) ,Alex SauceCubaine, and now Alex Sals’Heroes