La bachata, danse sensuelle au succès planétaire, représente bien plus qu’un simple style musical. En effet, elle incarne l’âme du peuple dominicain, son histoire, ses passions et ses combats. Même si elle se trouve aujourd’hui célébrée aux quatre coins du monde, ses origines ne présentent pas la même configuration. Au contraire, elles s’avèrent plutôt modestes, voire marginales. Quelle est donc l’histoire de la bachata ? Voici la réponse !
Les débuts modestes de la bachata
La bachata trouve ses racines dans les années 1960 en République dominicaine. Elle s’insère dans un contexte social et politique particulier pour le pays, car celui-ci sortait fraichement de la dictature de Rafael Trujillo. La danse a ainsi émergé des zones rurales et des quartiers populaires de Santo Domingo.
Le mot « bachata » lui-même désignait originellement les rassemblements festifs informels où les gens se retrouvaient pour danser et s’amuser. La musique jouée lors de ces fêtes s’inspirait principalement du boléro, un genre musical romantique originaire de Cuba. Cependant, la bachata s’est rapidement différenciée par son style plus simple et ses thèmes plus poignants centrés sur la souffrance ou l’amour perdu.
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La stigmatisation et la marginalisation du concept
Dans ses premières années, la bachata était loin de recevoir l’aval des élites dominicaines. Elle se percevait plutôt comme une musique vulgaire, réservée aux classes les plus pauvres. Certains l’associaient même à des lieux mal famés tels que les bars et les bordels. La raison de cette stigmatisation résidait en partie dans les thèmes abordés par les chansons. Elles parlaient ouvertement de :
- Tristesse ;
- Trahison ;
- Amour non réciproque ;
- La dureté de la vie, etc.
Malgré donc le talent des premiers artistes de bachata comme Calderón et Rafael Encarnación, ce style musical restait en marge. Il n’était presque jamais diffusé à la radio et les disquaires hésitaient souvent à le vendre, de peur de ternir leur réputation.
Les années 1980 : la renaissance de la bachata
Ce n’est qu’au début des années 1980 que la bachata commença par sortir de l’ombre. Cette renaissance se justifie essentiellement par l’influence de nouveaux artistes et à l’évolution des mentalités en République dominicaine. L’un des tournants majeurs de cette période fut l’introduction d’instruments électroniques, en particulier la guitare électrique, qui symbolise un son plus moderne et plus dynamique.
Tout comme avec la musique salsa, de nombreux artistes mélangèrent des éléments traditionnels de la bachata avec des influences plus contemporaines pour toucher un public plus large. Plusieurs albums firent ainsi entrer le style sur la scène internationale. On peut citer entre autres :
- Bachata Rosa (1990) de Juan Luis Guerra ;
- La Magia de Tus Besos (1988) de Luis Segura ;
- El Cazador (1989) de Blas Durán ;
À cette liste s’ajoute La Musiquita (1991) d’Antony Santos et bien d’autres albums phares.
L’internationalisation de la bachata
Vers les années 1990 et 2000, avec l’arrivée du groupe Aventura mené par le charismatique Romeo Santos, le style connut encore une percée. En effet, ce groupe a su fusionner la bachata traditionnelle avec des influences pop et R & B pour conquérir le public latino-américain. Grand succès, le résultat plut également aux auditeurs localisés aux États-Unis et en Europe. Dans la foulée, des tubes comme « Obsesión » firent le tour du monde, faisant d’Aventura le symbole de la nouvelle génération de bachata.
Roméo Santos, qui a ensuite poursuivi une carrière solo couronnée de succès, a largement contribué à populariser la bachata auprès d’un public plus jeune. Sa musique permit à la danse de transcender les frontières linguistiques et culturelles partout dans le monde.
La bachata aujourd’hui : un phénomène mondial
Aujourd’hui, la bachata apparait comme une danse incontournable dans les soirées latines. Son style sensuel et rythmé séduit des millions de danseurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels. D’ailleurs, de nombreuses écoles de danse offrent des cours pour s’y atteler, une preuve de son immense popularité actuelle.
Dans la même dynamique, des festivals de bachata s’organisent chaque année dans plusieurs pays et des artistes contemporains continuent d’innover dans ce genre. En y intégrant des éléments de musique urbaine ou électronique, la bachata ne s’affiche plus comme une simple musique ou une danse de Santo Domingo. Elle est devenue un symbole culturel mondial.
Bien que le concept ait déjà parcouru un long chemin depuis ses débuts modestes, son évolution semble loin de s’arrêter. De nouveaux artistes de grande renommée continuent de la réinventer tout en restant fidèles à ses racines. Autant dire qu’elle conserve cette capacité unique à raconter des histoires d’amour, de douleur et de passion tout en faisant vibrer les cœurs. Cette adaptabilité qui l’a fait survivre l’a rendue immortelle sur la piste de danse.